A la lueur de ma mémoire...

J'avance. Je n'ai pas peur.
Je suis chez l'ennemi? Vous croyez? Moi pas. Je n'ai pas d'ennemis. L'ennemi n'est pas celui qui porte une autre couleur. L'ennemi se joue des apparences. L'ennemi n'est pas là. L'ennemi est ailleurs. Je le sais.

Voyez.
Je n'ai pas pris d'arme. Je n'ai jamais d'arme. Mes mains me suffisent. La Nature m'accompagne, me protège. Ici, comme ailleurs.
Je n'ai pas peur.

Je suis venue de mon plein gré. Pour le voir, lui. Pour les voir, eux. Ses compagnons de chaque instant. Ceux qui partagent sa vie. Les siens.

Je souris. De ma témérité, de la confiance que je leur porte.
S'il les a choisit c'est qu'il y avait une raison. C'est qu'il leur faisait confiance, lui aussi, qu'il les aimait. Alors pourquoi pas moi? Je lui ai donné mon âme, mon cœur. Ses choix ne peuvent qu'être judicieux.
Je n'ai pas peur.

Je suis à sa porte, devant chez lui. Chez les Lueur Sanguinaire.
J'aime ce nom. J'aime cet endroit.
Je ne frappe pas. Je regarde cette demeure. Avec le respect qui lui est due. J'observe. Puis, je m'assois. Dos au mur, les yeux tournés vers le lointain, vers le ciel. Le visage balayé par un souffle de vent. Les cheveux collent à ma mâchoire, il s'est mis à pleuvoir. L'air se purifie. L'herbe retrouve sa couleur d'origine. Les odeurs s'effacent. Ne reste que celle de la pluie.
A tout instant, ils peuvent me tuer.
Mais... Je n'ai pas peur.
J'attends.

Je rentrais de ma chasse, ma petite chasse habituelle que j'aime tant faire.
Je rentre parce qu'il pleut, tremper de la tête au pied, je m'avance sur le sentier menant à notre demeure.
J'avance, plus que quelques mètres ...
Je m'arrête un instant, et observe, une jeune femme...

A première vue, elle ne vient pas de chez nous ..., peu de personne resterait sous la pluie, sans même se donner la peine d'entrée se mettre à l'abri.
Je reprend ma marche, et m'arrête juste devant elle, à 1 mètre.

J'observe ... et je lui chuchote :

>Qui es-tu ? Tu devrais faire plus attention, se promener par ici étant bl ...

Je m'arrête de parler. Elle vient de bouger, elle me regarde, je l'a reconnais enfin ...

>Entre, tu vas attraper froid Mörphyn, il va me prendre pour responsable si tu es malade, viens vite de m'être au chaud !

Oui c'est elle, sa bien aimée, à mon plus vieille ami Leiko, elle lui rend visite, elle nous rend visite ...

Je ne l'ai entendu arriver qu'au dernier moment.
A l'instant où elle s'est aperçu de ma présence. J'ai senti son regard dans mon dos.
Son pas était léger. Kalyméra.

Je ne la connaissait pas.
Son nom était enfouit quelque part dans ma mémoire, mais rien de plus. Son visage ne me disait rien. Pourtant, je savais que c'était elle. Aucun doute.
Et elle aussi savait que c'était moi.

J'ai sourit à ses paroles.
Elle me paraissait empressée, serviable. Mon discernement s'arrête là. J'ai le temps d'apprendre à la connaître. J'ai le temps qu'il faut pour ne pas juger au premier regard.
Elle est trempée. De la tête au pied. Crottée aussi. Elle est jeune aussi. Je sens un peu le poids des années sur mes épaules. Mais c'est ainsi, la vie passe. Je ne la retiens pas, elle me convient.

Du bout des doigts, j'écarte une mèche rebelle de mon visage. Je me lève. Nous sommes de la même taille. Mais je ne fais pas le poids. Malgré ma tunique ample, on distingue encore mon corps de brindille.
Je lui serre la main. Plus de sourire. Les contacts humains me font toujours ce même effet. Mais ici bas, c'est ainsi qu'on salut ses amis. Et désormais, elle en fait partie.

" Merci Kalyméra. Mais j'aimerais profiter encore un peu de cette averse, si cela ne te dérange pas. Je voudrais aussi voir tes compagnons rentrer de leur chasse avant de pénétrer votre demeure. Ne t'en fais pas. Leiko me connaît. Il saura parfaitement que tu n'y es pour rien. "

Je marque un temps d'arrêt. Il est rare que je parle autant. Très rare. D'habitude, mes mots sont silencieux. Mais elle ne le sait pas. Alors, je m'adapte.
Ma main glisse au fond de ma sacoche.

" Par contre... Je peux te confier ceci? Ce sachet de feuille de menthe supporte très mal la pluie. Si cela ne te dérange pas, amène-le à l'intérieur. Je viendrais le récupérer après. "

Je m'empare du sachet de menthe qu'elle me tend, lui sourit

>Je comprend, Mumul fait peur, tu préfères qu'il rentre avant, je comprend ne t'en fais pas !

Je me laissais un temps d'arrêt, réfléchissant à ma petite blague peu amer ...
Je lui souris une nouvelle fois, puis ouvre la porte pour entrer au chaud, prend deux trois vêtements sec dans ma chambre, redescend et les dépose sur les premières marches bien en évidence pour qu'elle puisse les voir. Je me changeais et nettoyais toute les traces de boues que j'avais pu laisser.

Me précipitant dans le grand salon, j'allumais le feu pour me réchauffer, et les attendais ...

(HRP)Mumul bouge toi le cul... disons que je t'attends pour répondre à mon tour....(HRP)